mercredi 29 avril 2009

MEXIIICOOO

LO N°301 (29 avril 2009)

Tout l'hôpital est dans la rue — en attendant d'être à la rue.

SÉVICES PUBLICS
Contagion. Après l'administration étatique, la poste, l'EDF, l'université, et bien d'autres services publics, l'entreprise manageuriale contamine l'hôpital public. L'hôpital se foutra-t-il donc de la charité ? La santé est-elle une marchandise ? La grippe mexicaine sera-t-elle rentable ?

Et pendant ce temps, les virus mutent comme si la crise mondiale n'existait pas…

FEUILLETON MEXICAIN 2009
— Janvier : alerte aux réserves d'eau à Mexico. On prévoit d'établir un rationnement jusqu'en mai.
— Mars : Nicolas S. et Carla B. séjournent au Mexique à l'hôtel El Tamarindo beach and golf resort du milliardaire Roberto H., soupçonné d'être un "narco-banquier".
— 10 avril : confirmation de coupures d'eau tournantes à Mexico.
— 13 avril : Mexico lance son plan vert : tri sélectif, réduction de la consommation d'eau, immeubles solaires, pistes cyclables, extension du métro.
— 14 avril : Dans une lettre adressée au directeur de la division espagnole de Burger King, l’ambassadeur du Mexique en Espagne, a qualifié d’injurieuse une campagne de publicité du groupe, montrant un cow-boy américain, grand et bel homme, au côté d’un lutteur mexicain, petit et gras, couvert du drapeau de son pays, sous le slogan “Unis par le destin".
— 15 avril : Burger King annonce son intention de modifier la campagne en question.
— 16 avril : Barack O., pour sa première visite en Amérique latine, se rend à Mexico. Il promet de l'aide dans la lutte contre les trafics de drogue et d'armes et reconnaît la responsabilité des Etats-Unis, « au moment où le gouvernement mexicain s'attaque si courageusement aux cartels de la drogue, fléau des deux côtés de la frontière ». (Le Mexique est la première source d'approvisionnement en drogues, cocaïne et autres, des Etats-Unis, qui sont le premier fournisseur en armes des cartels mexicains.)
— 18 avril : au Sommet des Amériques à Trinidad-et-Tobago, Hugo C. serre la main de Barack O.
— 18 avril : la Française Florence C., arrêtée au Mexique en décembre 2005 et condamnée à 60 ans de prison pour enlèvement a lancé un ultime appel à Nicolas S. afin qu'il obtienne son rapatriement en France pour y purger sa peine.
— 22 avril : le Mexique est le pays hôte de la Journée Mondiale de la Terre 2009.
— 26 avril : grippe porcine à Mexico. Cent morts, déjà.

Où est le lien ?



En ces temps d'apocalypse, le problème principal reste de trouver à se garer, disait à peu près J. G. Ballard.

SCÈNES DE LA VIE DE BUREAU
# Méfiez vous de vos collègues qui restent longtemps concentrés sur leur travail, surtout s'ils sentent mauvais au bout de quelques jours !!!!
Lu dans le New York Times :
A l'étage de la direction d'une maison d'édition, on se demande comment une telle chose a pu arriver : un employé mort à son bureau y est resté pendant CINQ JOURS (!!!) sans que personne ne s'en rende compte. C'est passé ce délai que quelqu'un lui a finalement demandé s'il se sentait bien.
George Turklebaum, 51 ans, travaillait depuis 30 ans comme correcteur dans cette entreprise de New York. Il est décédé d'une crise cardiaque dans un open-space (bureau paysager) où il travaillait avec 23 autres collègues. Il est mort calmement le lundi, mais personne ne s'en est aperçu jusqu'au samedi. C'est alors que la femme de ménage lui a demandé pourquoi il travaillait aussi le week-end.
Eliott Wachiaski, son patron a déclaré :
« George était toujours le premier au bureau le matin et le dernier qui quittait le bureau le soir. C'est pourquoi personne n'a été surpris qu'il reste assis là sans bouger et sans rien dire. Il était toujours très concentré sur son travail et évitait le contact avec ses collègues. »
SOYEZ GENTILS, IL FAUT DONNER DE TEMPS EN TEMPS UNE PETITE TAPE AMICALE DANS LE DOS DE VOS COLLEGUES ET LEUR DEMANDER SI ÇA VA ! S'ILS NE REPONDENT PAS ET QU'ILS ONT TENDANCE A TOMBER, ALORS IL FAUT SONNER L'ALERTE !!
Moralité: au boulot, n'arrivez pas le premier, ne partez pas le dernier et ne travaillez pas trop, de toute façon PERSONNE NE S'EN REND COMPTE ! #

Aujourd'hui, c'est le 110ème birthday de Duke Ellington, le plus grand musicien du XXème siècle.

L'OBSCÉNITÉ DE LA SEMAINE
BAISSE DE L'IMMOBILIER : Ce qui reste du camp d'AUSCHWITZ-BIRKENAU tombe en ruine paraît-il… Il faudrait 120 millions d'euros pour tout remettre à neuf… (Tout remettre à neuf !)

Cette semaine, deux dessins dans Siné-Hebdo.

TIC (Technologies de l’information et de la communication)
« Sous cette dénomination se côtoient ordinateurs et autres équipements informatiques, appareils de téléphonie fixe et mobile, téléviseurs et dérivés audiovisuels (décodeurs…), ainsi que divers matériels électroniques (détecteurs de présence, imageries médicale…). Economes qu'ils sont en déplacements et en contraintes, on les considère généralement comme des atouts écologiques. Pourtant…


Les TIC s’avèrent de plus en plus gourmandes en électricité. Leur consommation annuelle représenterait d'ores et déjà 13,5 % de la consommation française. Si la tendance actuelle se maintient, avec un taux de croissance moyen de 10 %, les TIC représenteront 20 % de la consommation dès 2012. »
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3678

LES SPAMS AUSSI PÈTENT (du CO2)
« L'impact du spam (1), d'un point de vue financier et sur la fluidité du réseau Internet, est connu. A l'inverse, s'il paraissait logique que ces envois massifs de mails avaient un impact environnemental au travers de la consommation d'énergie requise, on n'en savait pas plus jusqu'à présent. Or, selon une étude publiée par le numéro un de la sécurité informatique, McAfee Inc., et réalisée par ICF International, une entreprise dédiée à l'analyse des problèmes liés au changement climatique, les 62 milliards de spams expédiés en 2008 ont consommé 33 milliards de kilowatt-heures (Kwh). Une telle quantité d'énergie représente la consommation annuelle de 2,4 millions de foyers américains, avec des émissions de gaz à effet de serre équivalentes à celles produites par 3,1 millions de voitures consommant 7,57 milliards de litres d'essence. 

En effet, si un seul spam génère en moyenne l'équivalent de 0,3 gramme de CO2 (2), dans la mesure où ces courriers non-sollicités représentent près de 80 % de tout le courrier électronique planétaire, l'addition totale est très lourde. Ainsi, lorsqu'en novembre 2008, McColo Inc., un fournisseur d'hébergement web connu pour sa contribution importante au trafic de spam, a été mis hors circuit, du jour au lendemain, le volume de spam mondial a diminué de 70 %… Si le point le plus visible, de cette action, a été la diminution instantanée du courrier indésirable pour les internautes, l'économie d'énergie réalisée (avant que les spammeurs ne trouvent de nouveaux canaux pour leurs envois) a correspondu au retrait ponctuel de 2,2 millions de voitures de la circulation.
Néanmoins, si évidemment la meilleure solution est de s'attaquer à la source du problème, comme avec l'arrêt de McColo Inc., un filtrage généralisé du spam permettrait, outre le confort d'utilisation apporté aux utilisateurs, de réduire l'énergie consommée par ces courriers d'environ 75 % (soit l'équivalent du retrait de 2,3 millions de voitures au niveau pollution atmosphérique). »
Pascal Farcy pour Univers Nature. Source © ICF International
1- Message électronique, email, non sollicité par les destinataires et expédié en très grande quantité essentiellement à des fins publicitaires. 

2- ICF évalue un mail normal à près de 4 grammes de CO2.

http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3703

Fin de cette LO. Eteignez vos ordis !

samedi 18 avril 2009

NARKOZY ET BOBAMA

LO N° 299 (18/04/09)

LO tentant, comme d'hab, d'assurer le développement durable de la lecture, merci pour elle.



Ça alors, voici qu'en France, après quelques mois d'administration NARKOZY (Président de l'Anesthésie Générale) on se met à regretter JIRAC, devenu (paraît-il = dans les sondages) "la personnalité politique préférée des Français", qui le confondent sans doute encore (et d'autant plus aisément qu'il n'est plus au pouvoir) avec sa marionnette des Guignols. En période de crise, une "valeur refuge"… Une image de "père de la nation", même dévoyé, vaudrait mieux que pas de père du tout, vaudrait mieux qu'une image de gamin capricieux, le petit frère qui vous marche sur les pieds, le pur produit de la culture de l'enfant-roi.
Imaginez qu'aux USA, après quelques mois de gestion de BOBAMA, on se mette à avoir la nostalgie de GUSH !

Ça alors, il y a des syndicats à Monaco !

Ça alors, BOBAMA serre la main de HAVEZ !

Ça alors, autre sujet d'étonnement, voire de réjouissance : il semble bien que la production de CO2 européenne accuse une baisse. Peut-être grâce à diverses incitations techniques (marché du carbone, volontés du grenier de l'environnement, campagnes médiatiques d'extinction de ceci ou cela, etc). Peut-être grâce à LAKRIZ : des usines arrêtent de tourner, des voyageurs de voyager, etc. Résultat : on économise de l'énergie et on balance moins de CO2 en l'air. Après le 11 septembre, aux USA, les avions ne volaient pas, le ciel était plus bleu. Mon espion sur la frontière Autriche-Hongrie, quelque part à l'est de Vienne, me dit qu'on voit moins d'avions et que l'air est plus pur. Peut-être y a-t-il aussi moins de voitures et camions sur l'autoroute voisine…? Chez nous je ne sais pas, mais il est vrai que Air-France licencie…
Mais, dit une déléguée de Greenpeace, si cette baisse de la production de CO2 n'est due qu'à LAKRIZ et que celle-ci n'est que conjoncturelle, ce n'est que reculer pour mieux sauter : c'est-à-dire que cette amélioration (provisoire) de la situation risque de retarder d'autant la mise en place de mesures vraiment costaudes de restriction des émissions impossibles. Pessimisme ? Politique du pire ?

Au USA, l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a annoncé, vendredi 17 avril, qu'elle considé-rait désormais les gaz à effet de serre, principalement le gaz carbonique (CO2), comme étant dangereux pour la santé publique. (C'est sûr que l'oxygène O2, c'est meilleur à respirer que le CO2 ou le méthane CH4 !) Et ça, c'est génial ! Parce que, dans la psychologie du pékin moyen (toi, moi, le patron de Renault, Borlooo…) le réchauffement climatique, la honte des pôles, l'étude du climat à l'échelle du monde et des ères géologiques, ça nous passe largement au dessus de la tête, on a du mal à se sentir concerné personnellement. Alors que si on nous parle de la santé, c'est ma santé, ta santé, celle de nos enfants, etc, c'est immédiat, c'est direct, visible, palpable… c'est la dioxine dans le poulet, c'est le cancer du fumeur, c'est la rivière où on ne peut plus se baigner, c'est l'oncle malade de l'amiante… En ramenant l'effet de serre à "la santé", il devient terre à terre et personnel, l'impact psychologique est immédiat. J.P. Dupuy, philosophe qui travaille beaucoup sur le thème de "la catastrophe", dit que le problème c'est qu'on sait mais qu'on ne croit pas. Alors, si on se rend compte que, au delà des graphiques du GIEC, "ça nous touche personnellement ici et maintenant", on risque d'y croire un peu plus. Et donc d'être un peu plus motivés pour changer. Bon.

Les étudiants sans cours et sans examens vont devoir redoubler. Tant mieux : une année d'études en plus, c'est une année de chômage en moins.



LAKRIZ, comme la police, aurait des indicateurs.
Qui lui disent sur la base d'indices faibles mais fiables que la reprise est en vue, de loin avec des jumelles, mais enfin en vue.
Repriser ou reprendre ? La "reprise" ça peut vouloir dire boucher les trous, comme on reprise des chaussettes, quoi, pour faire durer… Ou ça peut vouloir dire "tout reprend comme avant"… Business as usual…

SONY à Pontonx-sur-Adour, c'est fini. Trouverons-nous encore des K7 vidéo vierges à l'Intermarché du coin pour enregistrer à la TV nos films préférés ou l'émission qui passe tard et qu'on regardera le lendemain (One Shot Not au petit déjeuner, c'est quand même bien sympa…) ? Rien n'est moins sûr. Déjà qu'il devient quasi impossible de trouver un bête magnétoscope… On sera donc forcé de passer au DVD enregistrable avec lecteur-enregistreur à la clé… Ou au système avec disque dur qui permet, paraît-il, d'enregistrer tout ce qu'on veut et de regarder quand on veut, mais que personne n'a encore réussi à programmer. (Y a un complot.)








Ou alors RIEN.









Et pendant qu'on nous bassine avec "la petite Elise" et son père (pourquoi est-ce que je n'arrive pas à m'ôter de l'idée que c'est un psychopathe ?) plus personne ne parle de…

Madagascar.
Pourtant…
Ça ne date pas forcément de la semaine mais je l'ai lu lundi avant-dernier dans TGV magazine en revenant de Paris et du festival BD d'Auvers-sur-Oise (recommandé).
Le gouvernement de Madagascar aurait prévu de louer 1,3 millions d'hectares pour 99 ans à Daewoo Logistics (Corée) pour y cultiver du maïs et du palmier à huile.
1,3 millions d'ha, c'est la moitié des surfaces cultivables de l'île.
"Les Sud-Coréens comptent de ce fait renforcer la sécurité alimentaire de leur pays, quatrième plus gros importateur de maïs." disent-ils. Mais, plus vraisemblablement, me dis-je, ce sont les automobiles coréennes qui vont manger tout ça sous forme d'agrocarburants, merci pour elles.

J'aurais pu en rester là et balancer ça comme obscénité de la semaine, mais, par acquis de conscience, je vais voir sur le net et je découvre tout un feuilleton à rebondissements multiples dont personne ne parle dans les grands médias.

http://www.portail-humanitaire.org/news/actu/2009-02-19-MADAGASCAR-Daewoo-fait-main-basse-sur-la-terre
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=91867

Daewoo ferait main basse sur les terres malgaches, donc… MAIS attendez la suite : apparemment, ça n'a pas marché !

http://www.madagascar-tribune.com/Les-lecons-de-l-echec-de-la,11177.html

Donc, finalement, ce serait une "BONNE NOUVELLE" …?
Encore que…
http://www.madagascar-tribune.com/Daewoo-Logistics-se-dit-pret-a,11143.html
(… Daewoo se dit prêt à patienter…)
Résumé ici :
http://www.madagascar-tribune.com/Chronologie-de-l-affaire-Daewoo,11023.html

MAIS aux dernières nouvelles (dimanche de Paq 12 avril)
http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-30154015.html
Dimanche 12 avril 2009
Madagascar : Rajoelina annule le projet agricole de Daewoo
Le projet du groupe sud-coréen Daewoo Logistics de louer un million d’hectares de terres
à Madagascar pour y planter du maïs est annulé, a déclaré le nouveau dirigeant de l’île.
Andry Rajoelina, porté au pouvoir après l’éviction jeudi du président Marc Ravalomanana,
avait vivement critiqué ce projet annoncé l’an dernier, qui a contribué à rendre impopulaire
le chef d’Etat déchu.
Le géant industriel sud-coréen comptait initialement planter du maïs dans l’ouest de
Madagascar, et produire ensuite de l’huile de palme sur 300 000 hectares de plus dans
l’est du pays, dans le cadre de ce projet.
La firme était censée s’engager à embaucher de la main-d’oeuvre locale et à financer le
développement d’infrastructures dans les régions concernées.
« Nous ne sommes pas contre l’idée de travailler avec des investisseurs, mais si nous
voulons vendre ou louer des terres, nous devons modifier la Constitution, il faut consulter le
peuple. A l’heure qu’il est, l’accord est donc annulé », a indiqué Rajoelina.

Bon.
Fin du feuilleton ?

vendredi 17 avril 2009

TASLIMA NASREEN

LO N° 298 (17/04/09)

"Aucune religion ne prône l’égalité entre les hommes et les femmes"

Par Taslima Nasreen - Vendredi 10 avril 2009

Taslima Nasreen, réfugiée en France, appelle les forces de gauche, partout dans le monde, à réinvestir les combats laïque et féministe pour élever une digue face aux fondamentalismes. Contrainte de quitter son pays, puis l’Inde où elle avait trouvé refuge, sous la pression des fondamentalistes, l’écrivaine bangladaise Taslima Nasreen, figure du combat contre l’intégrisme, participait, samedi dernier, aux Rencontres laïques internationales -organisées par l'UFAL- à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Entretien réalisé par Dominique Bari et Rosa Moussaoui (L'Humanité)

Votre combat contre le fondamentalisme ne s’arrête pas à l’islamisme. Vous dénoncez également les intégrismes chrétien, juif, hindou. Quels sont leurs points communs ?


« Je m’élève en effet contre les intégrismes de tous bords. En ce qui me concerne, j’ai souffert toute ma vie du fondamentalisme musulman. Je suis née, j’ai grandi dans un pays musulman. Lorsque je critique les fondamentalismes, mais aussi les religions en tant que telles, qu’il s’agisse de l’hindouisme, du christianisme, du judaïsme, du bouddhisme, parce qu’elles oppressent les femmes, personne ne me menace de mort. Mais lorsque je parle de l’islam, alors les fondamentalistes musulmans profèrent des fatwas demandant mon exécution, ma pendaison. Ma tête est mise à prix. C’est ainsi que j’ai été expulsée de mon propre pays, le Bangladesh. Après avoir vécu dix ans en Europe, je suis partie en Inde, à Calcutta. Là encore, j’ai été visée par des fatwas. Mes livres ont été brûlés sur la place publique. Lors de la présentation de l’un de mes livres, j’ai été agressée par des fondamentalistes musulmans à Hyderabad. À Calcutta, ils sont descendus dans la rue pour exiger mon expulsion. En réponse, le gouvernement indien de gauche m’a placée en résidence surveillée à New Delhi, avant de m’expulser. À cause de ces intégristes, je suis aujourd’hui contrainte à un nouvel exil. C’est difficile à vivre. Je suis une écrivaine bangladaise. Je vis douloureusement cet éloignement de mon pays, où je pourrais encourager les femmes à poursuivre leur combat pour le droit à la liberté. »

Pourquoi les fondamentalistes font-ils des droits des femmes leur cible privilégiée ?

« Dans leur vision, le pouvoir des hommes se mesure à l’oppression exercée sur les femmes. La religion est la source du fondamentalisme. Or aucune religion ne prône l’égalité entre les hommes et les femmes. Toutes sont hostiles aux femmes. Ce sont bien les religions qui encouragent l’oppression des femmes, qui les empêchent de jouir des mêmes droits que les hommes. Elles pérennisent le système patriarcal, incompatible avec la liberté des femmes. »

Quel jugement portez-vous sur les confrontations, ces dernières années, en France et en Europe, sur le port de signes religieux à l’école et dans la sphère publique ?

« Je suis très favorable à la loi française qui interdit le port de signes religieux dans l’enceinte des écoles publiques. Il est essentiel, pour une société laïque, de préserver l’école comme espace de liberté de conscience où les signes religieux n’ont pas leur place. Quant au voile, sur lequel se sont focalisés ces débats, il est pour moi un symbole d’oppression. Les femmes devraient refuser le port du voile. Si toutefois elles acceptent de le porter, ce devrait être une affaire privée. Toute société laïque devrait préserver l’école et plus largement la sphère publique de tous les signes religieux. »

Les tentatives de reprise en main des sphères publique et politique par le religieux, en Europe, vous surprennent-elles ?

« Cela prouve que cette question ne se pose pas uniquement dans les pays musulmans. Les fondamentalistes progressent aussi en Europe. Pas seulement les intégristes musulmans, mais aussi les intégristes chrétiens. Aux États-Unis, ceux-ci n’hésitent pas à agresser, à menacer de mort les médecins pratiquant l’IVG. Dans la première puissance mondiale, les chrétiens évangéliques se sont infiltrés jusque dans les sphères du pouvoir. En Angleterre, les fondamentalistes musulmans revendiquent la possibilité d’appliquer la charia (la loi islamique - NDLR) aux citoyens de confession musulmane. Des évêques anglicans et des hommes politiques ont indiqué qu’ils n’y étaient pas opposés. Si nous ne mettons pas un frein à cette expansion des fondamentalistes, si nous les laissons agir sans contrôle, si la gauche et les progressistes n’apportent pas leur soutien au combat laïque et humaniste contre toutes les formes d’intégrisme, alors de grands reculs de civilisation deviendront possibles. »

Jugez-vous les forces de gauche trop complaisantes vis-à-vis des fondamentalistes ?

« Les citoyens de confession musulmane sont minoritaires en Europe. Dès lors, certains, à gauche, s’interdisent toute critique de la religion musulmane et font même preuve de complaisance envers les dérives fondamentalistes, croyant assurer ainsi la défense de minorités victimes de discriminations. C’est à mon avis une très lourde erreur. Sans la gauche, comment serait-il possible de mener le combat laïque, le combat pour les droits des femmes ?
Laisser la droite se saisir de ces questions et nous soutenir serait mortifère. La droite déteste l’islam et les musulmans. Elle tente d’instrumentaliser les laïques pour conforter ses visées racistes. Mais nos convictions sont de gauche. Nous voulons une transformation progressiste des sociétés. Nous ne pouvons donc pas laisser la droite dévoyer notre combat laïque. »

Pensez-vous que la prétendue « guerre contre le terrorisme » conduite ces dernières années par les États-Unis a renforcé les fondamentalistes musulmans en leur offrant des arguments ?

« Les fondamentalistes ne sont jamais à court d’arguments. Lorsque l’URSS existait, leur croisade était dirigée contre les communistes, accusés d’être les ennemis de la religion. Après la chute de l’URSS, ils se sont retournés contre les États-Unis, accusés d’être les ennemis de l’islam.
Les fondamentalistes, quelle que soit leur cible, ne méritent aucune sympathie. Ils doivent être combattus sans relâche, sans considération des raisons qu’ils invoquent pour justifier leur idéologie destructrice. Au fond, les ennemis qu’ils désignent importent peu. Les justifications de leurs visées et de leurs actes, ils les puisent dans la religion elle-même. C’est la religion qui inspire leur intransigeance, c’est au nom de celle-ci qu’ils menacent et tuent ceux qui ne partagent pas leur vision du monde. Ce n’est pas la guerre menée par les États-Unis qui pousse les intégristes à opprimer les femmes. Cette oppression existait déjà auparavant. C’est donc bien la religion qui est en cause comme source du fondamentalisme.
La guerre américaine relève d’un autre débat. On peut la contester, s’y opposer. Mais l’activisme des fondamentalistes serait une réalité même sans les guerres d’Irak et d’Afghanistan. Ils n’ont pas attendu ces guerres pour combattre les droits des femmes, les frapper, les torturer, les flageller, les lapider à mort au nom de l’islam. Dans les pays musulmans, les femmes souffrent depuis très longtemps. »

Croyez-vous qu’une négociation avec les talibans puisse rendre la paix possible en Afghanistan ?

« Si c’est possible, pourquoi ne pas essayer ? Mais aucune solution durable n’émergera sans un changement radical du système qui fabrique les talibans. Il faut fermer ces madrasa, qui sont des usines à fondamentalistes, et promouvoir une éducation laïque, scientifique. C’est primordial. Que l’on négocie avec les talibans ou qu’on les traque revient au même, si ce système reste en place. Il faut saisir le problème à la racine. En réalité, je ne rejette pas la responsabilité du chaos afghan sur les talibans.
Lorsque vous envoyez des jeunes garçons dès l’âge de deux ans dans des madrasa (écoles coraniques - NDLR) où ils apprennent le maniement des armes, avec pour seul horizon éducatif la récitation du Coran, les prêches exhortant à l’instauration d’un État islamique ou au meurtre des femmes et des non-musulmans, il n’est pas étonnant qu’ils deviennent des extrémistes. Ces enfants n’ont aucune autre fenêtre sur le monde. Ils n’ont aucune possibilité de bénéficier d’une instruction publique et laïque. Ce n’est donc pas à eux que j’en veux, mais aux promoteurs de ce système qui transforme des innocents en talibans.
Dans le monde musulman, les madrasa poussent comme des champignons, avec la complicité de gouvernements qui veulent s’assurer l’appui électoral des fondamentalistes. Il faut cesser d’abandonner l’éducation des enfants à des imams radicaux qui les endoctrinent. Les États doivent assumer leur mission, en créant des écoles où les enfants entendent parler d’égalité, de démocratie, de liberté d’expression. Si personne ne leur transmet ces valeurs, comment pourraient-ils un jour s’en réclamer ? L’éducation laïque est la seule arme efficace contre les fondamentalismes. »
par Taslima Nasreen



« Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l'intelligence; haine de la liberté; haine de tous les livres au nom d'un seul; haine de la vie; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir; haine du féminin; haine des corps, des désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la foi et la croyance, l'obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l'au-delà; l'ange asexué et la chasteté, la virginité, l'âme et l'esprit. Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré. » (Michel Onfray. Traité d'athéologie)

dimanche 12 avril 2009

SEMAINE SAINTE

LO N° 297 (12/04/09)

QUELQUES NOUVELLES DE LA FOIRE D'EMPOIGNE CONTEMPORAINE (Comptant pour haine ?)
Nous sommes dans un système où tout et son contraire peut être, simultanément ou alternativement, promu, vérifié et considéré comme vrai, comme juste, comme bien.
Ou le contraire.


TV
Dans la même semaine, "Notre pain quotidien", "We feed the world – le marché de la faim" et "Super size me". Beurk. Je ne mangerai plus que bio !

PÂQUES
Micro-trottoir sur le Golgotha :
— Alors, ce chemin de croix ?
— Ah la la, ne m'en parlez pas, c'est un vrai parcours du combattant !

Pov' Jésus (dit Christ), né à Noël, sacrifié à Pâques : il aura eu la durée de vie d'un poulet ! (*)

("Christ", ça n'a rien à voir avec la croix sur laquelle les Romains l'ont scarifié-sacrifié. Ça vient d'un mot grec (les évangiles ont été écrits en Grec) qui signifie "oint" (= "qui a reçu l'onction", c'est-à-dire "consacré roi"). Ils ont bien fait de garder le terme grec, les chrétiens, parce que "Jésus-Oint", ça aurait jamais marché, comme logo de secte !)

BIENVENUE DANS UN MONDE TRANSHUMAIN
(Reçu par le groupe VHEMT)
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Et il y a encore des gens qui veulent mettre des enfants dans ce monde!!
Ce que nous pensons de notre destin transgénique
Le 19 février 2009, Envoyé Spécial consacrait un reportage intitulé « un rêve sans fin » à l'humanité du futur, dont les performances et la longévité seraient décuplées par les prouesses de la génétique et des nanotechnologies. […] Dans cette conférence sympathiquement intitulée « l'homme transgénique : un infini, des possibilités », J.-C. Weil et M. Radman exposaient leurs travaux : induire chez les souris, et plus tard chez les humains, des mutations génétiques permettant de retarder l'apparition du cancer et de prolonger la durée de la vie humaine bien au-delà de cent ans. Loin d'être un simple débat d'idées, comme le dit la journaliste, cette conférence était un exposé des recherches actuellement menées par les principaux instituts scientifiques français. […] Replaçons cette conférence dans son contexte. Il est maintenant avéré que les dégâts provoqués à notre milieu de vie par l'industrie induisent une épidémie de cancers, d'allergies et de maladies nouvelles. L'institution scientifique, loin de s'interroger sur les causes de ces maux, s'attache à bricoler les humains pour les adapter à leur environnement pathogène. Pas de panique, Mesdames et Messieurs, nous avons la solution à tous vos problèmes, l’ultime synthèse, la fin de l’Histoire : l'homme transgénique. Déjà, l’abondante production laborantine d'animaux transgéniques sert, entre autres choses, à étudier quelles mutations devront subir les humains pour cohabiter avec la radioactivité, la pollution chimique et électromagnétique, etc.
D'ailleurs, il ne s'agit pas seulement d'adapter l'humain, mais de l'améliorer. En gommant certains de ses « défauts » (disaient les conférenciers ce jour-là), comme celui de ne pas vivre au delà d'une petite centaine d'années. Puis, par le biais du diagnostic pré-implantatoire, de s'assurer qu'il ne souffre pas de tares. Ensuite, d'augmenter ses "performances", selon les critères en vigueur. C'est notamment ce que dit le généticien Daniel Cohen, bien placé, comme Weil et Radman, dans les institutions scientifiques : « Je crois en la possibilité d'une nouvelle évolution biologique humaine consciente et provoquée, car je vois mal l'homo sapiens (...) attendre patiemment et modestement l'émergence d'une nouvelle espèce humaine par les voies anachroniques de la sélection naturelle. »
Etc, etc, etc.
L'article est signé du Groupe Oblomoff (?) et de OGM-Dangers (www.ogmdangers.org)
On trouve l'intégralité ici, sur le site grenoblois (et passionnant) de contestation technologique Pièces et Main d'œuvre, que je découvre à cette occasion.
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Destin_transgenique.pdf
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+ Comme par hasard, je lis en ce moment "La Marque du sacré" de Jean-Pierre Dupuy, où il est largement question de la démarche "transhumaniste" (une sorte de secte scientifique, en fait…) et des inquiétudes (humanistes) qu'elle suscite.
J'ajoute que l'un d'eux, Nick Bostrom, s'exprime dans le dernier Philosophie magazine, qui propose un dossier "Et si…" où "17 penseurs inventent le futur"… "penseurs" qui n'ont manifestement (sauf exception) jamais lu un seul livre de SF. D'ailleurs, la double page de présentation du dossier cite, pour les utopies du 20ème siècle, Ernst Bloch, Anatole France (1908) et Eugène Zamiatine (1920). Ça s'arrête là. Bon.
Je cite Virilio : « La téléportation n'est pas un vain rêve, une faribole relevant de la science-fiction. C'est un thème qui était déjà très présent dans la religion. Dans le catholicisme, par, exemple, la bilocation… » etc. Donc, ce qui relève de la SF est de l'ordre de la faribole, contrairement à ce qui relève de la religion… Bon encore. (Par ailleurs, il dit des trucs intéressants…)

ET À PROPOS DE TÉLÉPORTATION
HADOPI
Carla Bruni : "J’aime qu'on me télécharge"
« J’ai grand plaisir à être téléportée, j’ai grand plaisir à être copiée, j’ai grand plaisir à être piratée, car au fond, quand on est piraté, c’est que l’on intéresse des gens », confiait Carla Bruni aux équipes d’”Envoyé Spécial” en 2004. Bon d'accord, ça date d'avant, (et on s'en fout) mais, vu d'ici et maintenant, c'est savoureux. (Le lapsus confondant téléportation et téléchargement est d'elle.)
http://teleobs.nouvelobs.com/rubriques/vite-vu/articles/carla-bruni-j’aime-qu-on-me-telecharge?idfx=RSS_notr&xtor=RSS-17

VIRUS
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Si vous recevez dans les prochains jours une enveloppe avec l'en-tête de l'Administration fiscale,
NE L'OUVREZ SURTOUT PAS !
Elle contient un virus capable de vous faire perdre l'équivalent de deux mois de salaire.
Il s'agit d'un piège grossier pour vous extorquer de l'argent, sous prétexte de renflouer les caisses de l'État, cet argent irait en fait à des entreprises peu scrupuleuses (renflouage des déficits passés, hauts fonctionnaires peu scrupuleux, entreprises privées distributrices de bonus et parachutes dorés...)
NB : Tous les antivirus testés à l'Assemblée depuis des décennies n'ont fait qu'aggraver la contagion. Seul le logiciel "bouclier fiscal" réservé à certains particuliers a prouvé son efficacité...
Pour ne plus être la victime de ce détournement, il ne vous reste qu'une chose à faire, copiez-collez la lettre ci-dessous :
Monsieur l'inspecteur des impôts,
Je vous écris pour résilier mon abonnement.
En vertu de la loi informatique et liberté, je vous demande de retirer définitivement mon nom de votre fichier d'adresses.
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CHÔMEUR ACADÉMIE
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Vous êtes virés et c'est à la TV.
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/04/07/AR2009040704043.html
« Chaque semaine, le patron d’une entreprise en difficulté réunit ses employés. L’un d’entre eux doit partir, pour alléger les frais. L’employeur soumet au groupe les feuilles de salaire de chacun, leur évaluations, bref toutes les informations disponibles, et demande à tous de voter. Qui doit partir, selon eux?
Pour couronner le tout, c’est filmé, ça passe à la télé. C’est même une nouvelle série américaine, “Someone’s Gotta Go”, produite en ce moment par Mike Darnell, chez Fox, et par Endemol (… c'est quoi, ça, "Endémol", une purge ?!)
L’idée serait venue du cas, réel, d’un patron qui avait réuni ses employés pour leur demander de désigner le prochain licencié.
Heureusement, le salarié viré se verra ensuite conseillé par un “business coach”! »
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C'était en quelque sorte une spéciale "Obscénités de la semaine".
Mais il y en a eu d'autres comme Berlusconi qui demande aux réfugiés du tremblement de terre de considérer ça comme un week-end en camping ! (Mais B est à lui tout seul une obscénité permanente…)



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C'est arrivé près de chez moi :
Vol de poubelles à Quissac
http://voleursdepoubelles.eklablog.com/article-86313-accueil.html

samedi 11 avril 2009

RÉTROPIE 2

LO N° 296 (11/04/09)

RÉTROPIE / CHAP 2

Il s'agit donc de proposer, ou, plus modestement, d'évoquer une anticipation.
Un saut en avant pour "après la crise" ?
Mais la crise ne finira pas. La crise est un état permanent, et ce n'est pas nouveau.
L'idée "scénaristique" est plutôt celle d'une entrée en décroissance se passant (relativement) en douceur. Ce qui suppose un certain optimisme, pour ne pas dire une certaine naïveté. Utopie, donc, oui, assumée. Après, savoir si j'y crois ou non, s'il est crédible ou non que cela se passe ainsi (relativement) en douceur, n'est pas la question. Il s'agit d'un exercice de pensée positive. On verra bien où ça mène au bout de quelques chapitres, et "si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal". D'aucuns disent d'ailleurs que la pensée positive, en soi, fait du bien, peut même contribuer à faire advenir ce qu'elle propose, par suggestion, mimétisme, prophétie autoréalisatrice. Le battement d'ailes d'un papillon en Amazonie ne produit pas forcément un cyclone au Japon, mais peut-être, ici, une jolie brise à faire tourner un moulin ou à sécher notre linge…

« Rendre désirable la sobriété », dit Dominique Bourg.

CHERS PÊCHEURS
(Ne pas confondre : la pêche, fruit du pêcher ; le pécheur qui commet des péchés, action : pécher ; et la pêche, action de capturer du poisson par différents moyens, œuvre du pêcheur — c'est de ça que je parle ici.)
Le pétrole coûtant de plus en plus cher, donc (refrain), les marins pêcheurs vont ressortir les bateaux à voile* (ou les pédalos, comme nous, automobilistes, on ressort les vélos). Ce sera plus dur, ils auront besoin de plus de personnel (bonne nouvelle : baisse du chômage), ils iront pêcher moins loin, moins profond. (Re)devenus moins performants, ils pêcheront moins de poissons, n'épuiseront donc pas les ressources en poissons (on dit "halieutiques"), et pollueront moins la mer et l'air — bonne nouvelle, donc.
Par ailleurs, le pétrole (c'est-à-dire l'énergie en général) coûtant toujours de plus en plus cher, c'est aussi la chaîne de distribution qui va morfler (réfrigération, transport, lieux de vente). On consommera donc de préférence les poissons sur place, dans les villes et villages côtiers (comme dans les sociétés traditionnelles).
Pour en distribuer ailleurs, loin des côtes, on aura le choix : soit attendre la montée des eaux et que Paris devienne un port de mer, soit redécouvrir les méthodes de conservation traditionnelles : séchage, salage… Méthodes peu consommatrices en énergie, le soleil et le sel étant tous deux présents en bord de mer, et méthodes demandant du travail manuel humain, donc du personnel : économies d'énergie, baisse du chômage. Tant mieux, donc, et dommage (mais tant pis) pour les transporteurs. (Mais eux, j'en parlerai plus loin.)

(* La voile donne un coup de pouce aux marins pêcheurs.
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3192
11-06-2008 )



RECONVERSIONS
Que dire aux pêcheurs ?, sinon : reconvertissez-vous — dans l'aquaculture, de préférence. Il doit y avoir plein de subventions et aides diverses des Régions, de l'État ou de l'Europe pour se reconvertir tout en produisant toujours du poisson (+ crustacés et autres fruits de la mer), parce qu'on a faim. Évidemment, il va aussi falloir apprendre à nourrir les poissons d'élevage autrement qu'en les gavant de poissons de pêche – sinon à quoi bon ? (Actuellement, il faut trois kgs de poissons pêchés pour produire un kg de poisson d'élevage, ce qui est idiot. C'est un peu le même problème que les protéines de bovins nourris de protéines de maïs ou de soja…)
(Mais) un pêcheur interviewé à la TV : « Je suis marin pêcheur parce que mon père était marin pêcheur, mon grand-père…… » Et oui, "bad karma"……… Pour ce genre de grands changements sociaux (il s'agit de bien autre chose que "des réformes") il faut souvent quelque chose comme trois générations. Et on n'a pas trois générations devant nous — dix ans, peut-être, pas plus… (C'est pour cela, une fois encore, qu'il est difficile d'imaginer que tout cela se passe sans casse…… Mais continuons…)



Boulogne sur mer, c'est le petit monde de Don Cabillaud.

PAYSANS (UTOPINAMBOUR)
D'autres victimes les plus directes sont déjà (et vont être de plus en plus) les agriculteurs. Tant mieux. Ils vont ranger leurs tracteurs étranges, bruyants, pollueurs et lourds qui tassent la terre, leurs charrues qui l'ouvrent bien trop profondément et cassent tout son fonctionnement biologique à base de circulation d'air et d'eau, de bactéries, de lombrics et autres bestioles souterraines… Ils vont ressortir les chevaux, comme les vieux cow-boys, et engager du personnel = moins de pétrole, moins de pollution, moins de chômage. Par ailleurs, on leur dit qu'il faut réduire l'usage des engrais chimiques et pesticides. On a raison. On était nombreux à le leur dire depuis longtemps, d'ailleurs, mais maintenant, c'est le gregrenelle de l'envenvironnennement, et ça devient des promesses électorables, des projets, presque des ordres — ouais « si on peut », qu'ils disent à la FNSEA, « et seulement si on trouve de moyens de remplacement : de préférence des nouvelles molécules. » Bien sûr.
Mais en fait, vous n'aurez (bientôt) plus le choix, agriculteurs, adhérents ou non à la FNSEA, dans la mesure où engrais et pesticides sont éminemment dépendants de l'énergie pétrolière. (TOUT est dépendant de l'énergie pétrolière, oui, c'est un peu lassant à répéter mais je persiste !) Ces machins, donc, engrais et autres produits chimiques prétendus phytosanitaires, et qu'on doit plutôt nommer "biocides", sont en tout ou en partie issus de l'industrie pétrochimique et de toute façon dépendants de lui, le pétrole, one more time, pour leur transport, puisque vous ne les produisez pas vous-même dans votre ferme, ni quelqu'un dans le voisinage : il faut des grosses usines type sévéso-azf.
Alors vous, agriculteurs "modernes", vous ne savez pas comment faire pour vous en passer, il paraît… Vous n'avez jamais entendu parler d'agriculture biologique ? Vous ne savez pas que le crottin de vos chevaux, ça fait de l'engrais ? Et le purin d'ortie, vous croyez qu'il y a besoin de l'importer de Patagonie ?!
Mais je m'énerve, je m'énerve — bien inutilement, après tout, a priori je n'ai pas de membre de la FNSEA dans mes lecteurs, restons donc dans les conditions sereines de l'utopie littéraire. Bon, l'agriculture biologique, comme chacun sait, ça demande plus de travail manuel humain direct, donc plus de personnel et donc tant mieux pour l'emploi. Et si j'en crois les gens que j'aime bien croire, avec l'agriculture bio, on pourrait nourrir toute la planète. Et donc je ne crois pas ceux qui nous disent depuis longtemps que pour ça (nourrir toute la planète) il faut absolument l'agriculture industrielle un petit peu beaucoup OGMisée : une simple arnaque. (Grandiose, l'arnaque, mais arnaque quand même… Rappel pour ceux qui seraient encore tentés de croire que les OGM résoudront le problème de la faim dans le monde : http://www.lesechos.fr/journal20080414/lec1_idees/4714170.htm)

Quant aux champs de blé à faucher, si les tracteurs et moissonneuses-batteuses ne tournent plus, on appellera les faucheurs volontaires d'OGM, justement, y en a plein et on n'arrive pas à les garder en prison.
Quant à l'eau d'arrosage, énormes économies : exemple bien connu du maïs : 90% de la consommation d'eau dans l'ouest français est destinée à l'arrosage du maïs. Et pourquoi ?, c'est dégueulasse, le maïs ! Mais on en donne à bouffer aux bestiaux à viande ? Renonçons à la viande-bouffe, plus de maïs à arroser… Et aussi les multinationales agroalimentaires en foutent partout ? Plus de multinationales agroalimentaires (dans mon utropie), plus de maïs.

ÉLEVEURS
Bien sûr, avec les paysans, il y a les éleveurs. Si on ne mange plus de bœuf, si on ne consomme plus de produits laitiers, qu'est-ce qu'on va faire de toute cette viande sur pied, des corridas ?
(Je ne rappelle pas ici pourquoi il ne faut pas bouffer de viande ni de produits laitiers - ou en abuser - , ça va du mauvais rendement en protéines à la production de pets de méthane, en passant par la non-digestibilité (LO 158) et le cholestérol…)
Bon, on va réduire le cheptel, ne serait-ce qu'en arrêtant de mener les vaches au taureau, les chèvres au bouc, les brebis au bélier. On relâchera des troupeaux entiers dans la montagne, histoire de nourrir les ours pyrénéens, les loups transalpins, les vautours de minuit. On continuera sans doute à bouffer des œufs, du poulet, du lapin, du chevreau ou de l'agneau. Mais on n'est pas forcé de leur faire du mal.
Mais si on ne mange plus de viande, ou plus tellement, on va quand même avoir besoin de cuir, de laine (et même de fourrure — aïe !) D'avantage qu'au XXème siècle, même, petit écolo-paradoxe, parce qu'il va falloir remplacer un tas de choses qu'on faisait en plastique (le plastique c'est du pétrole). Les cuvettes en plastique rose, bien sûr, mais aussi tout ce qui est nylon, acrylique, tergal… Notre habillement… (Attention : éviter de traduire "dangerous habits" par habits dangereux.) … ceintures, chaussures, "robe de cuir comme un fuseau", pantalons pédés, blousons rock, bottes de chwal et sellerie. Et rappelons-nous que nombre de produits "de consommation courante" qui étaient, dans le temps, d'origine animale, ont été remplacés par des produits de synthèse de l'industrie pétrolière. Ainsi refera-t-on peut-être de l'encre de seiche, de la colle à bois à base de peau de lapin ou de poisson — et tant d'autres…
N'en déplaise à nos amis végans, on continuera à exploiter "nos amis les animaux" — bien forcés, et ce n'est pas plus mal. Mais on n'est pas forcé de découper le cuir sur pieds et de leur arracher la fourrure sur le dos, pas plus que de gaver les oies ou passer les abeilles au mixer. Et finalement, il faut se poser la question en ces termes : qu'est ce qui est le moins écologique, c'est-à-dire le plus dangereux pour la Terre et donc pour nous ? les bottes en peau de vache ou celles en plastique-pétrole ? un blouson en mouton retourné ou en mylar doublé teflon ? des bas de soie ou de nylon ? (La soie, oui, je n'ai pas évoqué la soie : mûriers, bombyx, magnaneries, filatures — renaissance des Cévennes !) Et de toute façon, un beau jour, on finira par avoir épuisé les stocks de "polaire" faite à base de bouteilles plastiques faites à base de pétrole, et il faudra bien se remettre à la laine et à la fourrure. (Sauf réchauffement climatique intensif et tout le monde à poil à brouter la savane.)

CANTONNIERS
Pour rester à la campagne, il en est de même pour le cantonnier municipal : ou bien on en a un seul avec quelques machines très chères et très pétrolières, dont celles – dégueulasses - qui déchiquettent les branches au bord des routes et chemins… Ou bien on a six cantonniers et cantonnières avec des pelles, des scies, des hachettes, des sécateurs (et un âne bâté)… Et on arrête de se plaindre du chômage…

mercredi 1 avril 2009

RÉTROPIE 1

LO N° 295

Tout étant lié, partant de l'argent-dette, j'en suis venu à parler de "protectionnisme/relocalisation", et je me trouve amené à enchaîner sur une série qui mûrissait lentement sur mon disque dur, et qu'on pourrait intituler
UTOPIE ? (Point d'interrogation inclus)
(OU UKRONIE ? OU RÉTROPIE ? OU RÉTROPÉDALAGE ? OU RETOUR À LA BOUGIE ? OU SCÉNARIO – OPTIMISTE - DU FUTUR ?)

CHAP 1
Tiens, je vais commencer par une sorte de fable.
LE PAYSAN ET L'ÉOLIENNE

1) Les habitant de tel ou tel village marocain (par exemple), traditionnellement agriculteurs (et plus précisément pratiquant une agriculture à usage principalement local, "vivrière", donc : c'est-à-dire qu'on vit sur place de ce qu'on cultive sur place ; je précise encore : on mange ce qu'on cultive ; on vend aussi aux villes voisines… toutes ces précisions parce que ça semble très loin de nous, ce mode de vie vivrier) ces ex-agriculteurs ("paysans" serait plus exact, d'ailleurs), donc, tirent maintenant leurs revenus du tourisme : hôtellerie, artisanat… Traduction : sont maintenant dépendants du tourisme et sont maintenant dépendants des importations — toute cette dépendance passant par l'argent, mais ce n'est pas le plus grave. Le plus grave, c'est, je précise encore, qu'ils sont devenus dépendants pour vivre, c'est-à-dire pour manger tous les jours, du tourisme et des importations. Eux et aussi les habitants des villes voisines qui, traditionnellement, étaient alimentés par – justement – ces paysans.

2) En France, on commence sérieusement à planter des éoliennes dans la Beauce. C'est bien accepté par les villages et les agriculteurs locaux, en particulier parce que ça leur rapporte beaucoup d'argent. Sans rien faire.
Un peu d'anticipation : On peut imaginer que ça rapporte tellement sans rien faire que les agriculteurs abandonnent l'agriculture et vivent sur le rapport des éoliennes. Pourquoi se faire chier ? Total : la Beauce ne produit plus de blé et les Beaucerons – et même tous les Français mangeurs de pain – se retrouvent dépendants (pour manger tous les jours) des importations de blé australien ou russe (par exemple)… donc dépendants des récoltes de ces pays… donc de la météo et du climat de ces pays (lointains)… et bien sûr dépendants du pétrole pour le transport.
Ce n'est pas une question économique (financière), puisque les éoliennes leur rapportent plein de fric EDF.
Mais l'électricité, ça ne se mange pas. L'argent non plus.
C'est une question de manger (tous les jours). Ce bon vieux problème de l'humanité qui redevient LE problème de l'humanité du 21ème siècle : manger tous les jours.
Partant de là, les suppositions catastrophiques sont faciles : par exemple les Australiens, subissant des sécheresses à répétition, décident de garder pour eux-mêmes le peu de blé qu'ils arrivent à produire, se disant (égoïstement peut-être, mais surtout très raisonnablement) qu'ils ont d'avantage besoin de manger tous les jours tout de suite que de vendre au loin à des Beaucerons, certes riches, mais dont, au fond, ils n'ont rien à foutre.

3) Avec tout ça, le pétrole devient si cher que le transport devient insupportable économiquement. D'abord pour les transports très lointains (Australie > France, par exemple), mais bientôt pour les distances moyennes (Maroc > Europe par exemple), et finalement même pour les distances courtes (paysans > villes voisines). Et même, encore plus finalement, le pétrole manque tellement qu'il n'y en a plus ou presque, puis qu'il n'y en a plus du tout… et donc, au delà des raisons économiques directes, le transport devient simplement impossible (sauf courtes distances, en ressortant charrettes et chevaux — mon dada).
Donc, (toujours finalement, mais ça n'en finit pas de finir, vous savez bien) le prix du blé ayant explosé, les Beaucerons se remettent à en cultiver. Tout en conservant leurs éoliennes, y a pas de raison.
Ils deviennent très très très riches.
Et les paysans marocains, alors ? Ben, comme y a plus de pétrole, y a plus de touristes, l'hôtellerie s'effondre, l'artisanat typiquement local pour touristes s'effondre, y a plus de dirhams, on ressort les charrues, les charrettes et les ânes, on cultive pour manger et pour vendre un peu à la ville voisine. Fin de la parenthèse "enchantée". Et fin de la dépendance au tourisme et aux importations. Adieu étranges voyageurs, adieux importateurs. (Après, ils peuvent aussi avoir envie d'aller vivre dans la Beauce…)

"Les mécanismes de la vie urbaine sont si compliqués qu'un rien suffit à mettre la machine hors d'usage ; à la campagne, au contraire, on bricole sur le tas, on rafistole comme on peut et la machine avance tant bien que mal. Il est plus facile de transformer un poêle à fuel en poêle à bois qu'un ordinateur en four à pain." (François Feder. La Crise ultime. Economica édit. 1981)

L'OBÉSITÉ ET LE PRIX DE L'ESSENCE
(Encore une sorte de fable…)
13% de l'augmentation du nombre des obèses aux Etats-Unis entre 1979 et 2004 seraient dus à la baisse du prix de l'essence. Une augmentation de 1 dollar du prix du carburant réduirait de 15% le nombre d'obèses en 5 ans, car on se déplacerait d'avantage à pied ou en vélo et on brûlerait donc plus de calories. Par ailleurs on sortirait moins au restau, or on mange plus sain à la maison, paraît-il. Mais comme on roulerait quand même, malgré l'essence plus chère, cette dépense supplémentaire forcerait à baisser son budget alimentation, donc la qualité de son alimentation… or c'est l'alimentation de mauvaise qualité qui entraîne l'obésité…
(D'après Charles Courtemanche, économiste US cité dans Courrier International 881 – sept 2007)
… Ou comment les jeux avec les chiffres finissent par ne plus rien dire du tout.
Mais déjà, même aux USA, l'augmentation du prix du gallon d'essence à la pompe entraîne de nouveaux comportements, plus économes. Il y a même des vieux cow-boys qui ressortent leurs chevaux. Logiquement, tout cela devrait aboutir à une meilleure santé générale et une baisse de l'obésité.

LE PÉTROLE N'EST PAS ASSEZ CHER
Il faut s'habituer à un pétrole cher, qu'ils disent.
Non ! Il faut s'habituer à un pétrole de plus en plus cher, maintenant, jour après jour, et, très bientôt, à plus de pétrole du tout.
Pour le moment (2007-2008-2009…), la demande augmente toujours alors que l'offre baisse. Déséquilibre incurable.
Le pic des découvertes (point de non-retour), on l'a déjà passé il y a 20 ans. Peu importe la date du pic de production. Les chiffres de réserves annoncés par les États ou les compagnies sont bidons (barils, même) ; ils sont surévalués pour raisons de stratégie commerciale, en fait, car si on disait la vérité, les cours s'effondreraient. De façon générale, il faut savoir que la spéculation (fonds d'investissement) ne fait qu'amplifier les hausses ou les baisses. Quant à la guerre d'Irak (pardon, l'intervention américaine), elle était censée libérer les approvisionnements que Saddam retenait dans ses petites mains avides et donc faire baisser les coûts (les coups ?), hé bien c'est raté ! Comme ils ont tout cassé, les installations, les puits, les pompes, les pipe-lines, les ports, les approvisionnements irakiens se sont cassé la gueule — d'où autre cause de hausse des prix.
Ce mouvement général à la hausse ne peut aller qu'en s'accentuant, malgré la baisse actuelle, factuelle, conjoncturelle, anecdotique, qui ne fait que nous faire oublier pour un temps qu'il faut absolument faire des économies, et donc ne fera qu'accélérer (un peu) l'épuisement de la ressource. Reculer pour mieux sauter.

QUE VA-T-IL SE PASSER ?
Par exemple, ça se manifeste par les martins-pêcheurs qui ne peuvent plus pêcher à cause du prix du gazul. "Pris en otages" par les émirs du pétrole, diraient les médias un jour de grève.
Mais de toute façon, y a presque plus de poissons. (J'exagère, oui, disons : déjà plus assez pour satisfaire notre demande.)
Tant mieux, donc, pour la préservation de l'avenir (celui des poissons et celui du contenu des assiettes — de nos enfants, c'est pas sûr, mais de nos petits-enfants). Et dommage (mais tant pis) pour les amers pêcheurs : ils ne sont que (parmi) les premières victimes de la décroissance obligée, provoquée par l'épuisement des ressources naturelles : poissons et pétrole en l'occurrence. Bien sûr, on peut subventionner ceci ou cela, distribuer des aides, histoire d'amortir la douleur de la flambée du prix, mais ce n'est que reculer pour mieux sauter, encore : il faudra bien y passer, à ce nouveau monde sans pétrole. (Il y aura de toutes façons des pots cassés…)
Nous sommes face, et ça va arriver de plus en plus souvent, à la coïncidence entre épuisement du pétrole et épuisement d'un certain nombre de ressources, alimentaires et autres. Mais tout particulièrement alimentaires, qui sont plus importantes que quoi que ce soit d'autre, question survie (ben ouais, on bouffe pas des bagnoles ni du béton — ni des éoliennes, d'ailleurs…). Le pétrole étant grand responsable de la dégradation du monde (pollutions diverses, gaz à effet de serre), sa raréfaction puis disparition va être la solution (douloureuse) de bien des problèmes.
Un "détail" entrant grandement dans la problématique est que, question énergie, puissance de travail, il est bon de savoir que UN litre de pétrole est équivalent à une journée de travail de six hommes. (Vous avez dit "problèmes de chômage" ?)

« Quand la ligne droite vous conduit à un mur, on apprend à faire des détours. On arrive alors où ne vont jamais ceux qui n'ont pas connu ce genre d'obstacles. » (Michel Butor. Le Retour du boomerang)



(De mes carnets de croquis "autour de Gaïa"…)