jeudi 11 mars 2010

LES GRANDS RÉCHAUFFEURS, SUITE 2

LO N° 361 (11/03/10)

Petite parenthèse :


CLAUDALLÈGRE, LE RETOUR
http://abonnes.lemonde.fr/opinions/article/2010/03/03/climat-les-questions-qui-restent-posees-par-claude-allegre_1313819_3232.html

Dans Le Monde, suite aux attaques signalées précédemment, Claude Allègre répond, évidemment (03.03.10) et évidemment avec les arguments classiques :
Mon livre dérangerait-il trop de conformismes, trop d'intérêts ? (Un petit coup de parano classique : on veut me faire taire, je dérange. Il avait déjà dit des climatologues : « C'est un lobby de spécialistes météo du monde entier qui travaille dans un intérêt financier. »
Chaque jour apporte la preuve d'erreurs scientifiques graves commises par le GIEC. (Les siennes, soulignées par l'article auquel il répond, n'ont pas d'importance).
La planète est menacée de réchauffement de deux ou trois degrés dans... un siècle. (Non, pas "dans" un siècle, mais "d'ici" un siècle, ce qui n'a pas du tout le même sens.) Mais elle est aussi, peut-être, menacée de refroidissement. (S'il ne fait pas plus chaud, il fera plus froid, à moins que tout reste pareil… Soyons prêts à tout).
L'excès de CO2 est une menace, évidemment. Et cet excès doit être combattu car, par exemple, il acidifie l'océan et, de toute manière, il est de bonne pratique d'économiser les énergies fossiles. Mais tout lui imputer – donc tout imputer à l'homme –, c'est s'égarer. (Là, il reconnaît que la production de CO2 ne fait pas du bien, mais, implicitement, il reconnaît aussi qu'elle est due aux activités humaines… Moi je croyais qu'il disait que c'était le soleil qui produisait de la chaleur qui produisait du CO2…)
Il y a une idéologie du réchauffement climatique. (Et lui, ce n'est pas un idéologue mais un savant.)
La rébellion, à Copenhague, des grands pays émergents s'explique par leur refus d'un néocolonialisme rampant ("rampant", c'est très mal… le serpent, tout ça…), adossé (rampant mais adossé, quand même…) à de grands intérêts financiers dont l'un des principaux porte-parole est l'ex vice-président américain Al Gore. Un écobusiness (Ah ! toujours ce lobby écologiste et ses grands intérêts financiers ! Je m'étonne de n'avoir pas encore vu apparaître "le lobby juif"…) qui a aussi ses pratiquants en France. (Hulot ? YAB ??)
La planète est minée ici par une crise historique et le chômage, là par la famine et le manque d'eau potable, c'est la priorité. (Tous ces points sont concomitants et complémentaires du réchauffement climatique. En soignant l'un, on soigne les autres).
Il faut croire au progrès et en l'avenir (c'est pas de l'idéologie, ça ? "Il faut croire" ?), et l'avenir, c'est la croissance verte et l'innovation. (La technologie - verte, bien sûr - et la croissance - verte, bien sûr - nous sauveront, il faut y croire, sinon quoi ?……………)
L'avenir ne se bâtira pas en propageant la peur. (La peur, c'est mal).
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Bon, l'ironie, c'est toujours agréable, mais assez de temps perdu.

LES GRANDS RÉCHAUFFEURS, LE RETOUR

SUITE 6 - ET LA FAIM DANS LE MONDE…?
Quant aux réactions des commentateurs, sur Le Monde, un certain "Physicien sceptique" me parle de « deux risques antagonistes, l’un avéré – faim et malnutrition touchant 15 % de la population mondiale, alors même que l’accroissement du taux de CO2 a justement amélioré le rendement des récoltes de 15 % – et l’autre, le réchauffement climatique, encore hypothétique. »
À la base, il y a l'idée qui revient assez souvent chez les négateurs du réchauffement climatique : il y a plus urgent que le réchauffement climatique à s'occuper : la faim dans le monde. (Argument idéalement culpabilisateur). Oui, à part que les deux sont liés inextricablement… Et, non, on ne les oublie pas, les malnutris et les morts de faim et de soif, mais c'est qu'on ne peut pas parler de tout à la fois. D'ailleurs, il est étrange, cet argument qui se retourne contre lui-même : si la prolifération de CO2 « a amélioré le rendement des récoltes de 15% » (depuis quand ? et qui peut affirmer cela ? et n'est-ce pas dû à cet hypothétique réchauffement climatique ?), comment se fait-il qu'il y ait justement 15% de la population terrestre qui continue à crever de faim ?!
(J'ai lu aussi l'argument : « On promet des milliards aux pays sous-développés pour les aider à lutter contre le réchauffement climatique, on ferait mieux de les aider à vaincre la famine. » Mais justement, avec "lutter contre le réchauffement climatique", ça doit faire un tout – mais très complexe, d'accord. Voir plus loin.)
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SUITE 7 – GRAPHIQUES
Le PDF dont ce "physicien sceptique" donne le lien
www.mediapart.fr/files/Questions_RCA_FG.pdf
est bourré de graphiques et d'arguments qui contredisent férocement les rapports du GIEC et prétendent même démontrer que, depuis dix ans, la T° baisse. Moi je veux bien, mais les chiffres, calculs, projections et "preuves" trop techniques, on va laisser ça aux querelles d'experts qui passent leur temps à s'envoyer à la tête chacun son rapport préféré, ses courbes préférées, son rapporteur préféré. J'en ai moi-même de très solides dans ma besace, pas Hulot ni YAB ni Al Gore, mais par exemple Jancovici ou Pierre Ozer.
À trop vouloir prouver, on dit des conneries ou on sombre dans la malhonnêteté intellectuelle. (Ce qui vaut aussi bien pour les tenants fanatiques du GIEC que pour les négatos.)
D'ailleurs, je ne vois rien pour me donner d'avantage confiance dans ce document mediapart que dans ceux du GIEC (ou Greenpeace, ou Les Amis de la Terre…, tout ce tentaculaire ultra-puissant lobby écolo qui complote contre le gentil capitalisme et conspire depuis la nuit des temps pour devenir maître du monde – un monde "bio", cela va sans dire). Après tout, ce document comprend peut-être autant d'erreurs, d'approximations ou de fautes de frappe que le bouquin de Clallègre ou que certains en ont décelé vicieusement chez le GIEC. Il parle par exemple de 9 millions de Terriens en 2050 ; il s'agit de milliards, bien entendu, "le lecteur aura rectifié de lui-même", comme on dit, mais un petite erreur comme ça vaut bien celle du GIEC disant que les glaciers de montagnes auront disparu en 2035, faute de frappe pour 2350, paraît-il… (Cela dit, au train où ça va, il se pourrait fort bien que la faute de frappe s'avère juste !)

Et voilà : si on en arrive au point où on n'a pas de raisons de faire confiance à un rapport plus qu'à un autre, ils s'annulent, on les renvoie dos à dos… et on ne fait rien, ni dans un sens ni dans l'autre : allez ! dix ans de plus de mesures et de projections, svp, et on y verra mieux ! Mais ces nouvelles mesures à venir ne seront-elles pas tout aussi contradictoires ? Et pendant ce temps, le réchauffement climatique n'aura-t-il pas franchi un seuil irréversible ? Principe (paradoxal) de précaution, donc : prévoyons le pire pour qu'il ne se produise pas. Même si ce n'est qu'un prétexte, faisons comme si.
Et justement, ce que je cherche, puisqu'il y aura toujours doute (la science honnête, c'est comme ça), c'est à évacuer la question du vrai ou pas vrai, pour affirmer : vrai ou pas, toute action anti gaz à effet de serre sera la bienvenue : si elle ne répare pas le réchauffement ou l'excès de CO2, elle influera, par la bande, sur les diverses pénuries et sur la prolifération des vrais poisons dans l'air, l'eau, la nourriture, etc.
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SUITE 8 - LA FAIM DANS LE MONDE ENCORE
Sur la question de la faim dans le monde, on peut sans risque affirmer que la malnutrition est avant tout de la responsabilité des guerres, de l'inégalité, du mauvais stockage, des habitudes alimentaires des riches, des taux de prêts usuraires, des spéculations, de la non diffusion des connaissances. On ne voit pas pourquoi nourrir la population et lutter contre l'accroissement de CO2 seraient antagonistes. Le réchauffement climatique ne passe pas avant le problème de l'eau, de la faim dans le monde, de la pollution de l'air et des déchets humains, bien sûr, comment cela se pourrait-il ?! Comment pourrait-il en être séparé ? On parle de la même chose ! Aider des gens à lutter contre le réchauffement climatique, ce n'est pas leur fournir des bouchons à mettre aux trous du cul des vaches, c'est, par exemple, leur fournir (et leur apprendre à fabriquer eux-mêmes) des fours solaires, leur apprendre à replanter des arbres, leur fournir des capotes…
L'agriculture biologique, en particulier permet de meilleurs rendements que l'agriculture chimique, elle est durable puisqu'elle préserve les sols et les eaux, elle fait travailler plus d'hommes et moins de tracteurs, n'utilise aucun engrais ou pesticide chimique (donc n'est pas dépendante du pétrole) et apparaît comme le meilleur moyen, à moyen et long terme, de nourrir les 9 milliards d'habitants de 2050. L'argument contraire (présent dans le PDF mediapart cité plus haut)  est que les expériences de culture en serres saturées en CO2 montrent une nette augmentation des rendements : en doublant le taux de CO2, on augmenterait le rendement du riz de 44 %, le blé de 47, etc. (Et même le café de 270 % ! Chic alors !)
Les plantes respirent du CO2, OK, on apprend ça à l'école primaire. Mais les animaux et les hommes peuvent-ils vivre sous ces serres avec deux fois plus de CO2 sans se transformer en légumes (verts) ? Il y a un équilibre (constamment rompu dans un sens ou dans l'autre) à conserver ou à rétablir périodiquement, entre une quantité de CO2 – qui favorise le végétal – et une quantité d'oxygène O2 – qui favorise l'animal –, l'un ne vivant pas sans l'autre. Et puis quand on constate la désertification en marche, on peut douter de l'effet positif de l'augmentation du CO2 sur la végétation… Au lieu des déserts, ce sont les jungles et les forêts qui devraient se répandre et croître, non ? Au point qu'il viendrait un moment où la végétation, absorberait tellement de CO2 et produirait tellement d'oxygène qu'elle ramènerait à l'équilibre précédent, et ainsi de suite. Autorégulation… à condition que toutes choses restent égales par ailleurs – ce qui n'existe pas hors du labo.
Mais il y a sans doute d'autres causes qui interfèrent, comme la déforestation humaine ou les pluies acides industrielles…
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Le texte de l'annonce-presse précédente en gros plan histoire qu'il soit lisible. Très con mais rigolo.


Petit supplément :
Sur le site des DESSIN/ACTEURS, plein de dessins contre Amflora, la patate transgénique de BASF (Les K7 se vendaient plus, ils ont fait des OGMs………)

1 commentaire:

Bruno Bellamy a dit…

Et si on construisait des dômes gigantesques pour multiplier localement l'effet de serre ? On pomperait tout le CO2 de l'atmosphère pour le réinjecter dans ces bulles-jardins, dans lesquelles la production agricole serait décuplée.
On y fabriquerait assez à manger pour tout le monde (tous les végétariens, en tout cas, eheh !), et hors des bulles, le climat redeviendrait tempéré, les calottes glacières se reconstitueraient, etc.
Comme ça ferait beaucoup de travail il n'y aurait plus de chômage, et comme ça mettrait un terme à la faim dans le monde il n'y aurait plus de guerre. Les soldats seraient troubadours, et, heu... enfin bon, c'était juste une idée comme ça. ;)