samedi 26 mars 2016

Orthodoxes


Étymologie : orthodoxie = opinion droite.
A propos de chrétiens orthodoxes, on peut noter que l'Église orthodoxe russe, par la voix de son porte-parole Vsevolod Tchapline (mais non, pas Charlie Chaplin !) a qualifié l'intervention de la Russie en Syrie de "guerre sainte". Bravo. Aussi cons que les salafistes, les orthodoxes ! Pour être juste, ajoutons que le métropolite de Beyrouth, Elias Audi (vroum, vroum) l'a contredit et considère l'idée comme une hérésie. Bon. Que les orthodoxes règlent leurs affaires entre eux.
Quelques éléments de presse russe tirés de Courrier International. Les Russes, quand ils ne sont pas en vol, sont basés à Lattaquié, fief des alaouites (secte et région d'où sort Bachar El-Assad). « Les Syriens pro-Damas ne se battent pas pour le régime d'Assad, ils se battent pour leur pays, pris d'assaut par des islamistes venus du monde entier. » Il cite les organisations islamistes radicales principales : Califat et Jabbath Al-Nosra, affilié à Al-Quaïda, groupes qui ont tous pratiqué le nettoyage ethnique ou religieux contre Kurdes, Yézidis, chiites…) Des patriotes, donc.
D'accord, mais les "rebelles" qui ont commencé la lutte anti-Assad, c'est quoi ? L'ASL (Armée syrienne libre) qui a commencé la "révolution" ou révolte dite "printemps arabe", ce n'est pas des Syriens patriotes ?… Eux aussi, ils en ont marre des assassins du Califat, et ils acceptent de faire la trêve, du moins ceux qui ne sont pas morts sous les futs d'explosif tombés du ciel, ou enfermés dans les prisons d'Assad, ou sur les routes d'Europe à la recherche d'un refuge pour réfugiés.
En résumé : 1) printemps arabe, la jeunesse commence avec des revendications démocratiques, 2) des islamistes rejoignent le mouvement et foutent la merde, 3) l'Occident s'en mêle (et fout la merde). Résumé à gros traits qui oublie que des opposants au régime d'Assad, il y en a depuis vingt ans ou plus, qu'ils sont passés par- ou sont encore dans les prisons et les tortures du père et du fils, ses grandes oreilles et sa jolie femme anglaise, et que les plus jeunes, les printaniers, il a commencé tout de suite à les massacrer, l'Assad. (J'écris comme de la pâtée pour chats, là, mais j'ai des excuses : je rappelle que je m'inspire là d'un article russe, les Russes étant les sauveurs de tout le monde, les derniers défenseurs de "la civilisation", soutenus par les Américains (du moins la presse républicaine) et pratiquant avec la délicatesse qu'on leur connait des "frappes chirurgicale" (sans anesthésie). Ça leur coute cher, pour un pays en grandes difficultés financières ? Oui, mais c'est curieux, dès qu'il s'agit de faire la guerre, tout le monde trouve les moyens financiers qu'il faut, la question ne se pose pas. Cf. la France.)
Maintenant, la Russie se conduit-elle en colonialiste ? Pour l'instant, en tout cas, ils sont loin de construire des chemins de fer et des écoles, de former des cadres modernes et de diffuser les nouvelles technologies. (Parce que c'est ça aussi, le colonialisme… pas seulement la "guerre sainte" prônée par l'Église orthodoxe.)
Sinon, que peut devenir la Syrie ? Il va lui être difficile de rester un État centralisé, sauf à garder la dictature assadienne. Un État fédéral ? L'idée de fédéralisme court un peu partout dans le monde, sans arriver à bien prendre… comme en Europe… Sur quel critères, quel concept fédérateur, un État fédéral pourrait-il se constituer en Syrie ? L'islam ? L'arabité (le vieux concept de nationalisme panarabe) ? Mais… et les Kurdes ? Et puis l'islam syrien, c'est le sunnisme… que deviennent les chiites, les chrétiens, les Druzes et autres "minoritaires" (1/3 de la population… même en comptant ceux qui sont réfugiés chez les voisins de palier ou bloqués dans la boue et les barbelés de l'Europe…) Une fédération sous l'égide de l'islam politique arabe ne serait plus une fédération mais un État totalitaire… et donc plus ou moins la même chose que le Califat…
Sinon, un éclatement en entités (autonomes, semi-autonomes, indépendantes ?) pratiquant leurs modes de vie respectifs et gérant leurs affaires locales. Une balkanisation, donc. Tribalisme pas mort…

(Paru dans Zélium)


2 commentaires:

Georges a dit…

Dans un univers où l'espèce humaine existerait, la solution serait éventuellement la "nationalité" terrienne, avec appartenance directe à la "nation" Terre, parlement a-national à Genève? Qui a dit "C'est de la science-fiction" ou "C'est de l'utopie"? Bien sûr que c'en est, mais c'est à nous de le rendre réel, non?

WENS a dit…

Heu...J'avais encore rien dit !