dimanche 7 janvier 2018

SPÉCIAL 7 JANVIER


Un Charlie Hebdo spécial "3 ans dans une boite de conserve" nous raconte la vie des Charlie depuis le massacre et évidemment sans révéler quoi que ce soit qui puisse à nouveau les mettre en danger. Et ce n'est pas facile, comme on peut l'imaginer. Pas facile de rien révéler et pas facile tout court, et chère, la vie sous protection policière pour les gens, privée pour les locaux… (Ils donnent des détails chiffrés…) Paradoxe fulgurant : Charlie Hebdo ne s'est jamais gêné pour taper sur les flics… maintenant ils vivent avec leurs anges gardiens bleu foncé… et d'un coté comme de l'autre on apprend à se connaitre et reconnaitre. « C'est compliqué d'exercer sa liberté derrière des portes blindées » mais « blindé ou plombé, il faut choisir. » (Gérard Biard).
« Ils l'ont bien cherché ! » disent toujours certains crétins. Les insultes et menaces de mort répétées (via la machine à buzz des réseaux sociopathes) les ont forcés parfois à porter plainte… et à ouvrir une rubrique spéciale "La menace de la semaine"… Ça peut venir de fans de Johnny Halliday (!) ou d'Edwy Plenel et, bien entendu, des fans aiguisés du prophète Mahomet. Une analyse pointue du phénomène du buzz et son aspect performatif : tel article de presse signale, vrai ou faux, que telle information "fait le buzz", aussitôt le buzz démarre et fait sa boule de neige. En particulier le buzz d'indignation : « Reste une dernière caractéristique d'internet, essentielle pour fabriquer ces buzz d'indignation : l'aptitude du réseau à gommer l'ironie. Lorsque vous regardez la couverture de Charlie Hebdo, une convention de lecture implicite vous relie à ce magazine. Celle-ci veut dire : le journal que vous allez lire est un journal satirique et c'est pourquoi il sera excessif, caricatural, parfois lourd et vulgaire. Mais tout corps plongé dans le cyberespace perd son contexte. Tout devient identique, la parole du pape, celle d'Hanouna, le titre de la Pravda, celui de Charlie Hebdo.… » (Guillaume Erner).
Je pense qu'on pouvait déjà dire ça de "la télévision"… qu'on doit aussi se rendre compte que les haters n'on jamais lu le journal, seulement vu sa couverture, que ce soit en façade d'un kiosque ou sur le net… et que les crétins dangereux qui y réagissent, sur le net ou ailleurs, n'ont évidemment aucune idée de ce qu'est l'ironie, la dérision, le second degré, etc. Les religieux en particulier.
« Désormais on vit en tribus. On ne pense plus qu'en référence à un groupe. Donc quand Charlie s'en prend au totem du groupe (il n'en épargne aucun), chacun se sent visé. » (Jean-Yves Camus).
« Ceux qui protestent contre l'emploi du terme "islamique", qu'ils adressent leur lettre de menaces aux gardiens de la morale islamique en Iran et non au journal. » (Chahdortt Djavann). Eh oui, l'Iran, d'où elle vient, se dit "République Islamique" = oxymore.
« Il y aura toujours beaucoup de monde pour banaliser minimiser, rationaliser, oublier ou nier le fait que des journalistes et des dessinateurs ont été tués parce qu'ils se moquaient des religions, et il y aura toujours beaucoup de monde pour banaliser et nier le fait que des journalistes et des dessinateurs sont encore menacés de mort parce qu'ils continuent à se moquer des religions. » (Yann Diener).
Ils racontent aussi quelques moments hilarants (l'attentat à la cerise !)
Toutes ces citations pour dire : ne banalisons pas, ne minimisons pas, ne rationnalisons pas, n'oublions pas, ne nions pas.
Ne nous habituons pas……



Pour une fois, j'emprunte un dessin à Xavier Gorce

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